Burkini : le Conseil d’Etat suspend l’arrêté de Villeneuve-Loubet

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Photo : AFP

Une décision qui devrait faire jurisprudence.

Nouveau rebondissement dans la polémique sur le burkini. Le Conseil d’Etat vient de décider, vendredi 25 août, la suspension de l’arrêté de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) qui interdisait le fameux vêtement de baignade sur les plages. Une décision qui devrait s’appliquer à tous les autres arrêtés adoptés par les maires sur la question et faire jurisprudence.

La plus haute juridiction administrative avait été saisie en urgence par la Ligue des droits de l'homme (LDH) et le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), pour qui ce type d'arrêté, pris dans plusieurs dizaines de villes balnéaires depuis fin juillet, est “liberticide”.

Les maires à l'origine de ces arrêtés invoquaient des risques de troubles à l'ordre public.

“A Villeneuve-Loubet, aucun élément ne permet de retenir que des risques de trouble à l'ordre public aient résulté de la tenue adoptée en vue de la baignade par certaines personnes”, explique le Conseil d'Etat dans un communiqué avant de préciser : "En l'absence de tels risques, le maire ne pouvait prendre une mesure interdisant l'accès à la plage et la baignade.“

Rappel des faits

Après l'annulation d'une journée destinée aux femmes porteuses de burkini dans une piscine de Marseille, la polémique sur le maillot couvrant intégralement le corps a eu vite fait de marquer cet été.

Arrêtés municipaux en cascade

David Lisnard, le maire LR (Les Républicains) de Cannes, dans les Alpes-Maritimes, a pris le 28 juillet un arrêté municipal interdisant le port du « burkini » sur les plages de la ville jusqu'au 31 août. “Une tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse alors que la France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d'actes terroristes, est de nature à créer des risques de troubles à l'ordre public”, précise le texte de l’arrêté.

“L'accès aux plages et à la baignade sur la commune de Cannes sont interdits […] à toute personnes n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs de la laïcité, respectant les règles d'hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime”, est-il aussi écrit. Dès lors, les choses se sont enflammées.

Par la suite, une trentaine de communes françaises - particulièrement dans le Var et les Alpes-Maritimes, ont pris des mesures analogues. La question stigmatise alors les tensions et les débats dépassent les frontières alors que de nombreux journaux étrangers remettent en cause le bien-fondé de ces décisions.

Une polémique qui dépasse les frontières

Jeudi 25 août, à Londres, une manifestation contre les arrêtés anti-burkini se déroule : "Je suis ici aujourd’hui, car je trouve que c’est une honte d’obliger une femme musulmane à se déshabiller en public”, témoigne une manifestante. De son côté, la presse britannique n’est pas tendre avec la décision de certains élus français : “5 raisons de porter le burkini et pas seulement pour embêter les Français “, titrait notamment le quotidien The Guardian.

Manuel Valls soutient les maires

Manuel Valls, lui, soutient les arrêtés décidés par les maires. Face à Jean-Jacques Bourdin, sur RMC, le Premier ministre dira : “ Un foulard est un foulard, un burkini est un burkini, une burqa est une burqa. C'est pour moi un symbole d'asservissement de la femme comme si la femme dans l'espace public était impudique”. Une position qui divise, même dans son propre camp.

Des dérives ?

Très vite, ces mesures anti-burkini sont jugées stigmatisantes par une partie de la population, voire clairement islamophobes. L’affaire prend une tournure encore plus électrique lorsque, le 23 août dernier, une série de photos publiées notamment dans le Daily Mail montre une femme vêtue d’une tunique et d’un turban bleu se faire interpeller par trois policiers, à Nice, et contrainte de retirer son vêtement.