Accusation d'une policière niçoise : Manuel Valls dénonce une “polémique politique”

Manuel Valls a dénoncé ce lundi matin le caractère politique de la polémique sur le dispositif de sécurité à Nice le jour de l'attentat du 14 juillet. Mais Christian Estrosi persiste et signe et dénonce une “obstruction” de la part de l'Etat.

Le ton se durcit encore entre l'élu de Nice, Christian Estrosi et Manuel Valls ce lundi matin. Alors qu'une policière niçoise affirme avoir subi des pressions pour modifier son rapport sur le dispositif de sécurité en place à Nice le jour de l'attentat du 14 juillet, le Premier ministre a ce matin clairement accusé l’élu LR (Les Républicains) niçois d'être derrière une “polémique politique qui vise à déstabiliser le gouvernement”. S'exprimant sur BFM ce lundi matin, Manuel Valls a également apporté un franc soutien au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, évoquant un "un homme intègre, un homme d'Etat, un ministre de l'Intérieur formidable".

“Il faut que l'Etat cesse de faire obstruction”

Mais ce lundi matin également, Christian Estrosi a répété ses accusations. Au micro d'Europe 1, le premier adjoint LR au maire de Nice et président la région Paca a déclaré : “Nous n'instrumentalisons rien, nous exigeons que des réponses soient apportées (…). Il faut que l'Etat cesse de faire obstruction à l'éclatement de la vérité! La France et les Français n'ont pas besoin des coups de menton et des indignations factices, et des énervements du ministre de l'Intérieur, les Français ont besoin d'une seule chose: la vérité.”

Et si la policère donnait “des noms” ?

Pour obtenir cette vérité, plusieurs ténors socialistes en appellent ce matin à la policière à l’origine de la polémique, réclamant les noms des personnes qui auraient fait pression sur elle. “Moi, je suggère à la policière municipale (…) de donner les noms, c'est assez simple on est en état de droit il y a une justice qui fonctionne très bien dans ce pays, si tel était le cas qu'elle donne les noms, comme ça on en saurait davantage…”, a déclaré Benoît Hamon au micro de France Info.

Une plainte du ministre de l’Intérieur

La polémique est née ce dimanche 24 juillet. Dans le Journal du Dimanche de ce jour, Sandra Bertin, une policière municipale niçoise, accusait le ministère de l'Intérieur d'avoir fait pression sur elle pour modifier son rapport sur le dispositif policier du 14 juillet.

Visé, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve est monté au créneau, démentant les “accusations indignes” de la chef de la vidéosurveillance, et annonçant avoir déposé une plainte en diffamation. Jean-Marc Falcone, le directeur général de la Police nationale, a également réfuté toute pression à Nice et a évoqué une procédure “classique” et “systématique”.

Qui est cette policière ?

Sandra Bertin est une policière municipale de Nice. Elle est chef du centre de supervision urbain (CSU), qui centralise les images des nombreuses caméras de vidéosurveillance, c'est-à-dire qu'elle était en charge de la vidéosurveillance le soir du 14 juillet.

Elle est également secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) de Nice et cosignataire d'une lettre ouverte à Manuel Valls déplorant le manque de considération de la police municipale par le gouvernement.

Quelles sont ses accusations ?

Dans un entretien au Journal du dimanche, elle affirme avoir reçu des pressions du ministère de l'Intérieur pour modifier son rapport sur le dispositif policier le 14 juillet.

“Le lendemain des attentats, le cabinet du ministre de l'Intérieur a envoyé un commissaire au CSU qui m'a mise en ligne avec la Place Beauvau”, a raconté Sandra Bertin.

La policière dit avoir “eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte-rendu signalant des points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité”.

“J'ai dû le renvoyer physiquement”

“Je lui ai répondu que je n'écrirais que ce que j'avais vu. Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par e-mail une version modifiable du rapport, pour ‘ne pas tout retaper’.”

“J'ai été harcelée pendant une heure, ajoute-t-elle. On m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran. A tel point que j'ai dû physiquement renvoyer du CSU l'émissaire du ministère !”, poursuit la policière.

Elle a finalement envoyé par e-mail une version PDF non modifiable et une autre modifiable.