Abdelilah Himich, l’homme derrière les attentats du 13 novembre ?

Les services de renseignements occidentaux s’opposent sur le rôle supposé de ce franco-marocain de 27 ans, suspecté d’être l’un des organisateurs des attentats qui ont frappé Paris, le 13 novembre 2015.

Les combattants de Daech le surnomment “Le Légionnaire”. Une référence à peine voilée à son passé de militaire qui lui aurait permis de gravir un à un les échelons de la haute hiérarchie de l’organisation terroriste. Depuis plusieurs mois, le nom d’Abdelilah Himich apparaît dans le viseur des services de renseignement occidentaux, qui se divisent toutefois sur le rôle présumé de ce combattant qui a grandi à Lunel (Hérault).

Né à Rabat à l’hiver 1989, Abdelilah Himich s’installe avec sa famille dans cette commune de 25 000 habitants alors qu’il est âgé de 7 ans. C’est précisément de cet endroit qu’une vingtaine de personnes partiront dès 2013 pour rejoindre la zone irako-syrienne. A l’été 2008, il quitte Lunel pour intégrer l’armée de terre, et plus précisément les rangs de la Légion étrangère ; corps qu’il servira pendant six mois lors de missions en Afghanistan. Mais deux ans après avoir rejoint l’armée, il déserte et regagne Paris. En recherche d’argent, celui-ci aurait accepté de faire transiter de la drogue depuis les Pays-Bas pour le compte d’un trafiquant français bien connu de la justice. Mais le 13 décembre 2011, il est interpellé par les services douaniers à son arrivée à la gare du Nord à Paris, alors qu’il est en possession de plus d’un kilo de cocaïne. Condamné à trois ans de prison, il n’effectue qu’une partie de sa peine, et s’installe, à sa sortie de prison, avec sa compagne Alexandra V. à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône).

Les modalités des attentats présentées à Al-Baghdadi ?

Mais en février 2014, Abdelilah Himich prend la direction de la Syrie, et s’engage d’abord dans les rangs d’Al-Nosra, avant de prêter allégeance au groupe Etat islamique. Il est rapidement rejoint par sa compagne, qui quitte la France à la fin du mois de mai, par un vol en direction de Barcelone, puis d’Istanbul. Selon plusieurs sources, le couple - accompagné par d’autres français originaire de Lunel - s’installe alors dans la région syrienne de Deir-el-Zor.

Dès lors, son patronyme de guerre - Abou Souleymane El Faransi - lui joue des tours. Selon plusieurs cadres du renseignement américain cités la semaine passée par le site Pro Publica, Himich serait l’un des plus hauts cadres de Daech, et aurait présenté en personne les modalités des attentats du 13 novembre à l’émir Abou - Bakar Al Baghdadi. Un rôle majeur accrédité par une discussion rapportée par des victimes de la prise d’otage du Bataclan, qui expliquent que deux des terroristes avaient évoqué un coup de téléphone à “Souleymane”.

Du côté français, les enquêteurs se veulent davantage prudents. Plusieurs sources précisent que son nom apparaît bien dans la liste des français engagés sur le front syrien, mais que rien n’indique qu’il soit à l’origine des actions terroristes qui ont visé la capitale l’an dernier. Selon les mêmes sources, l’homme aurait en revanche joué un rôle majeur dans la conversion et le départ de la vingtaine de Français originaires de Lunel vers la zone de conflit irako-syrienne, et demeure – selon les mêmes sources – malgré tout une cible majeure des services de renseignements français.

Adrien Cadorel