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    Stéphane Dompierre

    Stéphane Dompierre

  • Fâché noir contre le vin

    Quand je bois un verre de vin rouge, j’ai l’habitude de me livrer à un petit exercice tout simple : j’essaie d’y reconnaître au moins une odeur et une saveur. Je le fais tourner dans ma coupe afin qu’il libère tous ses arômes et puis je le hume, à la recherche de son odeur caractéristique. Le cuir ? La cerise noire ? Le petit fruit rouge confituré ? Ici, je me risque avec « réglisse ». Je hume à nouveau et je confirme, oui, c’est bien de la réglisse. Sur la bouteille, je lis « puissants arômes d’épices et de café ».

  • Fâché noir contre les salles de cinéma

    Douze guichets automatiques pour acheter des billets. Onze sont en dérangement. Le dernier est utilisé par quelqu’un qui cherche son film dans la liste, le trouve, soudainement doute, s’interroge, « Woody Allen, il n’est plus ce qu’il était », prend le risque d’être déçu, commande par erreur trente-huit billets, recommence, hésite devant les combos – popcorn, boisson gazeuse, barre de chocolat ou nachos, jus, nounours en gelée – préfère s’abstenir en voyant les prix, pense même se mettre au régime, jette un regard horrifié à la file qui s’allonge derrière lui, termine sa transaction en tremblotant, met sa carte de crédit dans un trou puis dans l’autre, au hasard, l’insère finalement au bon endroit, compose son NIP et attend que ses billets sortent.

  • Fâché noir contre les phrases toutes faites (3e partie)

    J’ai beau avoir écrit deux chroniques sur les phrases et les expressions qui m’achalent, certaines personnes persistent et continuent à m’adresser la parole. Je les ai écoutées, j’ai souri, j’ai pris des notes.

  • Fâché noir contre le paranormal

    La semaine dernière, alors que je roulais par une nuit sombre sur une petite route de campagne, la voiture est tombée en panne. Dans le ciel, un grand objet lumineux venu d’une galaxie lointaine s’est approché pour se poser dans un champ, tout près.

  • Fâché noir contre les écrivains français

    Il y a quelques années, une fille est venue me voir à la fin d’un atelier littéraire que j’animais dans un cégep. Elle m’a fait ce commentaire : « Je suis surprise, j’ai toujours cru qu’un écrivain c’était un vieux dépressif magané avec un air bête, portant un veston brun qui pue la cigarette ». Je lui avais répondu que, de toute évidence, elle confondait les auteurs québécois et les auteurs français.

  • Fâché noir contre les chalets

    Tout l’été, des brochures publicitaires sur les différentes régions touristiques du Québec se sont entassées dans ma boîte aux lettres. Influençables, ma copine et moi avons pigé au hasard dans la pile et nous avons loué un chalet dans l’Outaouais. À notre arrivée, les propriétaires nous attendaient pour nous remettre les clés et nous faire visiter. Champêtre mais pas trop, petit lac tranquille, décor enchanteur, outardes et grenouilles.

  • Fâché noir contre l’amour (dans les chansons)

    Tu le sais déjà parce que tu as vu le film Footloose une dizaine de fois en cachette, mais je te le répète ici: la musique rock, c’est mal. Pas seulement parce que son rythme accrocheur te pousse à faire des déhanchements lubriques qui incitent au coït, mais aussi parce qu’elle influence nos histoires d’amour. L’amour et le rock évoluent à peu près de la même façon.

  • Fâché noir contre les pubs de voiture

    Fâché noir contre le long texte écrit en petits caractères dans les publicités de voitures qui donne la vive impression qu'on va se faire avoir.

  • Fâché noir contre la fausse modestie

    Dans sa forme la plus maîtrisée, la fausse modestie est l’art de savoir se mettre en valeur sans que ça paraisse, en donnant l’impression qu’on parle d’autre chose que de soi, de notre grandeur d’âme ou de notre talent.

  • Fâché noir contre le banlieusard

    Une guerre éternelle se livre entre les habitants des villes et ceux des banlieues. Mais, contrairement aux guerres habituelles, aucune armée n’est intéressée à conquérir le territoire de l’autre. C’est plutôt une guerre d’ego qui se livre ici : le but est simplement de vanter les vertus de son lieu de résidence et de se penser bon. Je me suis rendu dans l’habitat naturel du banlieusard, la banlieue, pour enquêter.

  • Fâché noir contre le mot «urbain»

    Les promoteurs et les publicitaires redoublent d’ardeur pour nous garder en ville ou, si on vit en banlieue, pour nous y faire revenir. Une stratégie habile : on prend la patente qu’il faut vendre et on y ajoute le mot « urbain ». Maison urbaine, spa urbain, gym urbain, salon de coiffure urbain. Vois-tu comment tout a l’air plus excitant quand il y a le mot « urbain » dedans ?